mardi 12 octobre 2010

Immigration de travail : une histoire qui n'en finit pas de s'écrire


Alors que les feux de l'actualité sont braqués sur les retraites, c'est un autre conflit du travail qui vient se rappeler à notre mémoire. Habitants, élus et militants du 12e sont à vrai dire sensibilisés de longue date à la grève des travailleurs sans papiers. Nous étions déjà présents en 2008 au côté des salariés du Barrio Latino, et à nouveau en 2009-2010 avec les grévistes qui occupaient l'agence Randstad de l'avenue Daumesnil - brutalement évacuée en mars dernier. Depuis jeudi dernier, afin que l'Etat tienne enfin ses engagements de juin 2010, ce sont plusieurs centaines de travailleurs sans papiers qui, avec la CGT, occupent pacifiquement la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration.

Le lieu est symbolique ! Autrefois musée des colonies, le palais de la Porte Dorée est désormais lieu de mémoire d'une France riche des nombreux apports économiques et culturels de son immigration. Mais à rebours de l'histoire, le gouvernement actuel préfère pratiquer la stigmatisation des étrangers tout en s'attaquant aux droits des travailleurs. En l'occurrence, les travailleurs sans-papiers de la Porte Dorée, non seulement n'ont pas d'autorisation de séjour et de travail, mais n'ont pas non plus accès aux droits que leur ouvrent en principe les cotisations sociales qu'ils paient depuis des années à des employeurs souvent sans scrupule. Droit à l'assurance maladie, droit à la retraite notamment...

C'est avec l'ensemble de la majorité municipale que nous avons voté hier soir ce voeu :

"Considérant que depuis jeudi 7 octobre, plusieurs centaines de travailleurs sans-papiers occupent la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration (CNHI), dans le 12e arrondissement,

Considérant que cette occupation s’inscrit dans le prolongement de la grève entamée depuis de longs mois par des milliers de travailleurs sans-papiers pour obtenir leur régularisation,

Considérant que plusieurs dizaines d'entre eux habitent ou travaillent dans le 12e arrondissement, et que notre conseil d'arrondissement leur avait apporté son soutien dès 2008 et à nouveau en 2009,

Considérant qu'en juin dernier, les travailleurs sans-papiers et les onze organisations qui les soutiennent obtenaient une avancée importante et significative du Ministère de l’Immigration et de la Direction générale du Travail par le biais :
  • d'un addendum au Guide des Bonnes Pratiques de novembre 2009, qui insistait sur la nécessité de délivrer aux demandeurs une autorisation provisoire de séjour de 3 mois (renouvelable) avec autorisation de travailler, lors du dépôt de leur dossier, et rappelait que les régularisations devaient se faire selon des critères objectifs et uniformes par l'ensemble des Préfectures.
  • d'une reconnaissance du droit des 6804 grévistes recensés de séjourner et de travailler en France dans l'attente du dépôt de leur dossier jusqu'au 30 septembre dernier.

Considérant que ce délai du 30 septembre passé, sur les 1806 premiers dossiers de demande déposés, seuls 58 salariés ont obtenu une autorisation provisoire de séjour et de travail, et que se poursuivent les arrestations de grévistes au mépris des engagements de juin dernier.

Considérant que l’Etat a une nouvelle fois failli à ses engagements devant des hommes et des femmes qui vivent et travaillent en France depuis de nombreuses années et qui, pour beaucoup d'entre eux, participent à la solidarité nationale par leurs cotisations sociales et leurs impôts, laissant les intéressés dans l'incertitude et la précarité,

Considérant qu'avec l'occupation de la CNHI, les travailleurs sans papiers nous rappellent qu'au-delà du respect de leurs droits, leur combat s'inscrit pleinement dans l'histoire de notre pays, un pays riche des nombreux apports économiques et culturels de son immigration,

Considérant que le projet de loi "immigration, nationalité et intégration" présenté actuellement à l'Assemblée nationale par le Ministre de l'immigration ne dit pas un mot des critères de régularisation des travailleurs sans papiers, préférant s'en tenir à un accord sans valeur législative contraignante,


Sur proposition de la majorité municipale, le Conseil du 12ème arrondissement :
  • affirme son soutien aux travailleurs sans papiers qui occupent actuellement la CNHI pour faire valoir leurs droits
  • émet le vœu que le Maire de Paris intervienne auprès du Premier Ministre pour exiger la mise en œuvre sans délai des engagements pris en juin dernier afin de régulariser la situation de tous les travailleurs sans papiers qui en font la demande."

Photo : Mathieu Delmestre

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