mardi 15 novembre 2011

Bois de Vincennes, Petite Ceinture, Bercy-Charenton : faux débats et vrais enjeux de la Biodiversité dans le 12e

Préparé dès 2010 – année internationale de la biodiversité – le Plan Biodiversité de Paris est soumis ce 15 novembre au Conseil de Paris. C’est une feuille de route ambitieuse, qui a notamment reçu l’avis favorable du Conseil du 12e arrondissement. La biodiversité urbaine n’a pourtant rien d’une évidence politique. Pour le grand public, elle se réduit souvent aux seules terres lointaines menacées de déforestation et aux espèces animales emblématiques en voie de disparition – thon rouge, ours polaire ou récifs coralliens. Paris abrite pourtant plus de 2000 espèces de plantes sauvages et de champignons, et autant d’espèces animales ! En France, la récente Stratégie Nationale de la Biodiversité, qui institutionnalise les trames vertes et bleues, semble elle-même ignorer l’importance des villes. Elles regroupent pourtant les ¾ de la population et ont impact non seulement sur leurs territoires mais bien au-delà par leur effet barrière – or Paris est situé à carrefour biogéographique majeur – ou encore par les politiques d’achats des municipalités.

Si la biodiversité urbaine n’a rien d’une évidence politique, c’est aussi qu’elle invite à des arbitrages délicats au détriment d’autres usages citadins ; des arbitrages néanmoins assumés et revendiqués par la gauche parisienne ! Ainsi, quoi qu’en dise dans ses tracts la sénatrice et conseillère régionale Chantal Jouanno, le Bois de Vincennes est un espace boisé classé que la municipalité s’attache à préserver et à renforcer. Dès 2003, Bertrand Delanoë signait avec les maires des communes riveraines une Charte d’aménagement durable du Bois. C’est dans ce cadre que beaucoup d’espaces ont été replantés, à un rythme nettement plus important que celui des abattages, et que des voies au centre du Bois ont été fermées à la circulation automobile – non sans protestations – pour être rendues à la nature et à la promenade. Comme progressivement l’ensemble des espaces verts parisiens, le Bois de Vincennes est passé en gestion différenciée, avec l’arrêt des produits issus de la chimie de synthèse, la plantation d’essences indigènes et la création d’îlots d’évolution naturelle où l’intervention humaine est réduite au minimum. La gestion du Bois est encadrée depuis 2010 par la certification environnementale ISO 14001.

Le Plan Biodiversité ne se contente pas de préserver l’existant. Il prévoie notamment de requalifier la « ceinture verte » de Paris : une vieille ambition née du démantèlement des fortifications, mais largement entamée depuis les années 1930 par les besoins en logement social, en équipements divers, puis par la construction du Périph’. A l’échelle fine, cette requalification passe par un renforcement du réseau vert sur tous les espaces : centres sportifs, cimetières, voirie, espaces intérieurs des îlots de logements, talus du Périph’ etc. D’ores et déjà l’arrivée du Tramway dans le 12e est l’occasion de renforcer la trame verte des boulevards Soult et Poniatowski par la pose de gazon le long des rails et par des arbres d’alignement plus nombreux et variés – quatre plantés pour trois abattus et une vingtaine d’espèces supplémentaires. Par ailleurs, dans le cadre du GPRU de la Porte de Vincennes, des ponts végétalisés vont être aménagés au-dessus du Périph’. Ces mêmes quartiers devront aussi bénéficier des multiples dispositions innovantes prévues par le Plan Biodiversité, à l’image des 7 ha nouveaux de toitures végétalisées qui doivent être créés à Paris d’ici 2020, incluant au moins 15 jardins en terrasse.

A une échelle plus large, le renforcement de la « ceinture verte » devra s’appuyer sur la Petite Ceinture ferroviaire qui représente dans le 12e plusieurs hectares d’espaces verts à ciel ouvert. En concertation avec Réseau Ferré de France (RFF), le rôle de corridor écologique de la Petite Ceinture devra être pérennisé tout en ouvrant cet espace à de nouveaux usages publics. Le tronçon aménagé dans le 16e (1,5 km), celui prévu dans le 15e (1,3 km) ou encore les aménagements existants le long de la Petite Ceinture dans le 12e – sentier nature du jardin Charles Péguy et projet de jardin partagé rue Claude Decaen – préfigurent ce que pourrait être dans notre arrondissement une Petite Ceinture à la fois réserve de biodiversité et sentier de promenade. Dans la perspective du renouvellement de la convention cadre entre la Ville de Paris et RFF, un vœu a été adopté en ce sens par le Conseil du 12e arrondissement (séance du 7/11/2011).

A l’échelle métropolitaine, le renforcement de la « ceinture verte » passe par l’intégration de la biodiversité aux objectifs d’aménagement du secteur Bercy-Charenton. En effet la Ville de Paris a lancé en 2009, en lien avec la Ville de Charenton, la SNCF et RFF, une réflexion urbaine d’ensemble sur ce vaste secteur de 60 ha en vue d’y créer un nouveau quartier. Le Plan Biodiversité en fait un secteur pilote où sera expérimentée l’intégration des enjeux de biodiversité à chacune des phases d’aménagement. L’objectif est double : d’une part renforcer les trames vertes et bleues dans ce secteur en reliant entre eux le Bois de Vincennes, la Petite Ceinture, le Parc de Bercy et la Seine ; d’autre part construire pour la biodiversité à Paris un cahier des charges type s’imposant progressivement aux aménageurs.

A travers la création d’un observatoire de la biodiversité à Paris, le Plan Biodiversité vise aussi à développer, fédérer et diffuser les connaissances et les initiatives en la matière. L’implication des acteurs locaux – citoyens, associations, conseils de quartier – est notamment fondamentale. Ainsi le Conseil de quartier de Jardin de Reuilly a-t-il récemment organisé une réunion publique autour d’initiatives innovantes : compostage et jardin d’immeuble au 107 rue de Reuilly, jardin d’insertion Le Nid rue George et Maï Politzer, futur jardin partagé dans le square Frédéric Rossif, projet de rucher au jardin de Reuilly (Graine de Partage)… La biodiversité n’est pas qu’un sujet scientifique, c’est aussi un enjeu citoyen dont les habitants du 12e sont de plus en plus nombreux à se saisir !

A cet égard, la droite locale serait bien inspirée de ne pas dévoyer l’enjeu de la biodiversité. Lorsqu’au Conseil de Paris Valérie Montandon, élue UMP du 12e, demande au nom du Plan Biodiversité le retrait du projet d’aire d’accueil des gens du voyage et le déplacement de la célèbre Foire du Trône hors du Bois de Vincennes ; ou lorsque l'ancienne secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno se fend d’un tract aux habitants déclarant « le Bois de Vincennes en danger » pour les même motifs (elle y ajoute le foyer temporaire Adoma) ; l’une et l’autre renouent avec les vieux réflexes exclusifs de la Droite, combinés au fameux syndrome NIMBY décrit par les sociologues –  Not In My Back Yard. Plutôt que d’instrumentaliser l’écologie en déformant les faits, Mesdames Montandon et Jouanno gagneraient à dire franchement que contrairement à la Majorité municipale, elles ne veulent avoir dans le 12e ni gens du voyage, ni forains ni travailleurs migrants. La biodiversité mérite mieux que ces faux semblants, les habitants du 12e méritent mieux que ces faux débats et ces mauvais procès. 

lundi 7 novembre 2011

Questions sur la MEEAO, un an après l'évacuation

Le 22 octobre dernier, plusieurs associations organisaient un rassemblement devant le bâtiment de l’ex-Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest (MEEAO), à l'occasion de l'anniversaire de son évacuation il y a un an. Ce soir au Conseil du 12e arrondissement, j'ai présenté au nom de la Majorité municipale le voeu suivant :

Considérant, qu’il y a un peu plus d’un an, le 20 octobre 2010, l’immeuble du 69 boulevard Poniatowski, ex-Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest, était entièrement évacué afin de mettre en sécurité le bâtiment laissé à l’abandon depuis la décolonisation et l’absence de propriétaire à raison de la dissolution de l’Afrique Occidentale Française.

Considérant que pendant de nombreuses années, l’immeuble a néanmoins conservé sa vocation initiale d’hébergement d’étudiants et de travailleurs venus des Etats Africains.

Considérant qu’au terme d’une longue procédure judiciaire, dite de bien sans-maître, l’Etat français est devenu propriétaire de l’immeuble le 10 juillet 2009.

Considérant qu’après, une première évacuation partielle du bâtiment, réalisée le 28 janvier 2010, afin de mettre en sécurité les occupants des chambres les plus vétustes et insalubres, l’évacuation d’octobre 2010 marquait la fin de toute occupation de l’immeuble.

Considérant les engagements pris par la Préfecture de Région en matière de relogement des occupants de bonne foi, reconnus occupants de l’immeuble lors du recensement effectué au printemps 2009, et ceux de la Préfecture de Police s’agissant des occupants sans-papier au moment de l’évacuation, de procéder à un examen bienveillant de leur situation et de procéder aux régularisations des situations les plus proches des critères d’obtention d’un titre de séjour.

Considérant qu’après une série de réunions régulières en Préfecture de région avec les représentants de l’Etat, des occupants, des associations de soutien, les élus Parisiens n’ont plus eu d’information précise quant au suivi des relogements et des dossiers en cours d’examen en vue d’une régularisation administrative.

Considérant enfin, que depuis plus d’un an, l’immeuble du 69 boulevard Poniatowski n’est que partiellement muré et que son état continue de se dégrader.

Sur proposition des élu(e)s de la majorité municipale, le conseil du 12e arrondissement émet le voeu que le Maire de Paris intervienne :

· « auprès du Préfet de Paris afin que celui-ci communique, au regard des engagements pris il y a un an, un état précis de l’avancée des relogements définitifs, au sein du parc social, des occupants de bonne foi concernée par la seconde phase d’évacuation du bâtiment ;

· auprès du Préfet de Paris afin que l’immeuble soit rapidement réhabilité et qu’une opération de logement (logement social, logement étudiant, foyer de travailleurs migrants…) y soit réalisée afin de répondre aux besoins en la matière sur le territoire parisien, et que la mémoire de l’ancienne MEEAO y soit conservée ;

· auprès du Préfet de Police afin que celui-ci dresse, au regard des engagements pris il y a un an, un état détaillé des procédures d’examen des situations administratives des « occupants de bonne foi » de la MEEAO sans titre de séjour qui lui ont été soumises par les associations et soutenues par les élus ».


Le voeu a été adopté avec les voix de la Majorité municipale, les élus du groupe UMP votant contre.
Informations complémentaires sur la MEEAO : www.collectif12.com



lundi 31 octobre 2011

Après les primaires : passer du vote utile au candidat utile

©Olivier Clément - www.parti-socialiste.fr
Le 16 octobre 2011, plus d’1,6 millions d’électeurs (56 % des suffrages exprimés) ont choisi François HOLLANDE  comme candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012. Il n’était certes pas mon candidat favori, mais il bénéfice désormais d’une incontestable légitimité populaire, au terme de primaires citoyennes qui auront focalisé l’attention médiatique, accaparé les conversations privées, battu des records d’audience télévisée et déplacé des millions d’électeurs de gauche, autant de phénomènes inédits et réjouissants pour un simple scrutin partisan ! Les primaires n’ont pourtant pas échappé aux travers de la démocratie d’opinion version Ve République. Disons pour faire simple que nous avons vécu deux campagnes concomitantes.

Une campagne de 1er tour réjouissante ! Evacuées les craintes d’un affrontement fratricide ! Des candidats respectueux et d’accord sur l’essentiel, nous offrirent un véritable débat d’idées, et en fin de compte un choix entre des orientations divergentes. Les électeurs ne s’y sont pas trompés qui ont sanctionné l’orientation social-libérale proposée par Manuel VALLS, et valorisé au contraire le discours antilibéral d’Arnaud MONTEBOURG. J’ai apprécié, moi aussi, les prises de position déterminées de ce dernier sur le libre-échange, les banques ou la VIe République, appuyées par une éloquence sans pareil. J’ai regretté néanmoins qu’il fasse l’impasse sur les questions sociales : salaires, répartition des richesses, retraites etc. J’ai été consterné comme beaucoup par son ralliement à François HOLLANDE. J’avais autrefois apprécié le pourfendeur des paradis fiscaux, puis l’animateur, avec Benoît HAMON et Vincent PEILLON, du Nouveau Parti Socialiste (NPS), l’un des deux courants de la gauche du PS entre 2002 et 2005. L’homme avait pris ensuite un chemin plus sinueux, solitaire et parfois surprenant… pour incarner à nouveau la gauche socialiste le temps d’une campagne ! Arnaud MONTEBOURG a du panache, mais ancrer le PS plus à gauche suppose davantage de constance et de cohérence.

Si le 1er tour m’a plutôt réjoui – un vote de conviction en quelque sorte – le second a trop nettement renoué avec les travers de la démocratie d’opinion. A qui la faute ? Bien-sûr au système médiatique – grands médias et instituts de sondage appartenant à l’establishment capitaliste – qui a fait de François HOLLANDE son favori dès lors que Dominique STRAUSS-KAHN était hors course, et l’a présenté comme le mieux placé pour battre Nicolas SARKOZY. Assurément aux institutions plébiscitaires de la Ve République, qui attirent l’attention des citoyens moins sur les débats d’idées que sur les personnalités et leur capacité à rassembler au-delà des clivages partisans, incitant finalement au conformisme politique. Mais à vrai dire, l’électorat populaire a-t-il jamais aimé arbitrer les désaccords internes à la Gauche ? N’a-t-il pas de longue date préféré s’en remettre, pour être utile à son camp, à celui désigné comme son plus légitime représentant ?

Lors de mes discussions de campagne, j’ai vu aussi dans ces primaires l’expression d’un paradoxe propre aux démocraties matures. L’électeur se sent investit d’une responsabilité qui dépasse la simple expression de ses convictions personnelles. Il réfléchit, débat, s’informe, élabore une stratégie électorale, anticipe les suffrages de ses concitoyens… parfois jusqu’à  s’oublier en tant que détenteur d’une part de la souveraineté populaire. Le citoyen s’efface devant l’apprenti politologue ! Ce phénomène traduit avant tout le niveau élevé d’éducation politique des Français. Il est salutaire en soi, et il s’est par exemple traduit par la victoire du non au référendum sur le TCE en 2005 – bel exemple de réflexion citoyenne autonome vis-à-vis de l’establishment médiatique. Mais dans un contexte de ras-le-bol vis-à-vis du pouvoir en place, ce phénomène a décuplé l’effet du « vote utile » en faveur du favori – le mieux placé pour battre Nicolas SARKOZY – sans qu’il y ait de place dans le débat public pour un questionnement sur les critères de détermination de ce favori.

Le vote utile – déjà présent au 1er tour – a d’autant mieux fonctionné au second tour que les deux principaux candidats ont soigneusement évité de se distinguer l’un de l’autre sur le plan des idées. Or l’indifférenciation politique bénéficie forcément au favori. De fait, Martine AUBRY n’a pas su mettre en avant son profil social et se dégager de l’image dans laquelle l’avait enfermé le « pacte de Marrakech ». Elle a tardé à se démarquer de la « gauche molle », se refusant à faire de cette distinction un véritable clivage idéologique. Elle s’en est prudemment tenue au projet du PS négocié et adopté sous son égide en mai dernier – c’est tout à son honneur de Première secrétaire – sans prendre toute la mesure des attentes du peuple de Gauche en matière de transformation sociale et de rupture avec le dogme néolibéral. Au final, le débat télévisé d’entre-deux-tours a donné à voir deux candidats défendant les mêmes propositions, d’autant que François HOLLANDE  a su tirer le bilan du 1er tour et quelque peu infléchir ses positions, par exemple en annonçant clairement qu’il rétablirait l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans.

Je reste néanmoins convaincu qu’il fallait faire ces primaires citoyennes et je ne me sens pas du tout dépossédé de mon rôle de militant du Parti socialiste. Il faut avoir vécu les primaires internes de 2006 pour mesurer combien, plus que les citoyens, les adhérents socialistes sont sensibles à la logique du vote utile – c’est lui qui avait permis à Ségolène ROYAL d’être désignée candidate. Et il faut avoir milité dans un courant minoritaire en période de congrès pour sentir tout le poids des baronnies et des clientèles locales, que les primaires de 2011 ont eu le mérite de diluer dans la masse citoyenne. Ces phénomènes sont certainement le propre d’un parti de masse, assis sur un dense réseau d’élus, dans une époque où règne la démocratie d’opinion. Il y a toutefois une certaine ironie à entendre reprocher aux primaires de dénaturer le rôle du militant, souvent de la bouche de camarades communistes : ceux-là mêmes qui ont choisi pour candidat un tribun venu du PS, étranger à leur culture militante, dont le principal mérite est d’être populaire dans l’opinion publique ! A vrai dire, les primaires citoyennes étaient ouvertes à toute la gauche, et il est bien dommage que les conditions politiques n’aient pas été réunies pour que les écologistes et les communistes s’y associent. Toujours est-il que bon nombre de sympathisants d’EELV ou du Front de Gauche ont voté aux primaires, au moins au 1er tour.

Nous voilà, socialistes, dotés d’un candidat. Il a des compétences, un certain brio, une ténacité indéniable. Nous avons un candidat… Mais pour quelle orientation politique ? Quel message clair sur la crise de l’euro et l’enjeu de la dette publique ? Quelles réponses à la rigueur salariale, au chômage, à la précarité au travail, au sentiment de déclassement ? Quelle réforme des retraites ? Quelle position sur le nucléaire ? Quelles mesures pour enrayer la crise du logement ? Quelle politique commerciale face aux dérives du libre-échange ? … Les électeurs des primaires ont choisi le mieux placé, apparemment, pour l’emporter en 2012. Ils ont aussi choisi un candidat qui sur beaucoup de sujets ne s’est pas franchement prononcé, un candidat qui n’a pas encore modelé précisément l’orientation politique pour laquelle il demandera les suffrages des Français l’an prochain. 

Reste à François HOLLANDE à convaincre les Français qu’il incarne une véritable alternative à la politique de rigueur budgétaire, de régression sociale et de dissension républicaine de la Droite. Le défi n’est pas mince, tant les socialistes ont souvent déçu par leurs tergiversations, encore l’année dernière sur les retraites, et plus particulièrement ces dernières années face à la dérive libérale de la construction européenne. Le défi est d’autant plus aigu que confrontée à la crise de l’euro et de la dette, une partie de la social-démocratie européenne accumule les renoncements et désespère les peuples. Or la sortie de crise ne passera pas par la rigueur, qui fait trinquer les classes moyennes et populaires sans relancer la croissance. La reconquête par les pouvoirs publics de marges de manœuvre – réforme fiscale, politique industrielle, intervention dans la sphère bancaire, renforcement politique et budgétaire de l’Europe – devra permettre au contraire la relance économique, une meilleure justice sociale et l’amorce d’une véritable transition écologique. C’est à vrai dire un nouveau modèle de développement qu’il faut proposer aux Français, fondé sur une production durable et une meilleure répartition des richesses.

Conscient de ces enjeux, soucieux aussi de rassembler les socialistes, François HOLLANDE sera bien avisé de s’appuyer sur le projet du PS, adopté à l’unanimité en mai dernier. C’est un projet solide qui contient la plupart des outils nécessaires au réarmement de la Gauche. A cet égard, le débat télévisé de l’entre-deux-tours a permis au candidat de lever quelques doutes en se prononçant clairement pour le rétablissement de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, la mise sous tutelle des banques, le non-cumul inscrit dans la loi ou encore le principe de réciprocité commerciale aux frontières de l’UE… Mais ces derniers temps, son entourage s’applique à brouiller le message du candidat, que ce soit sur les retraites, sur le nucléaire, ou sur les 60 000 créations de postes dans l’Education nationale. François HOLLANDE aura intérêt à revoir aussi son « contrat de génération », dont les débats ont prouvé le peu d’efficacité, et à mettre plutôt l’accent sur l’allocation d’autonomie et sur les contrats d’avenir prévus pour la jeunesse par le projet du PS. Il conviendra enfin d’être particulièrement vigilant vis-à-vis des tentations d’ouverture au centre, perceptibles chez plusieurs soutiens du candidat notamment au Sénat. Sur le plan tactique, ce serait mettre en péril l’union de la Gauche et donc la victoire en 2012. Sur le fond, ce serait un ralliement inadmissible à la pensée unique libérale, qui fait tant de ravages actuellement dans l’Union européenne.

Les primaires citoyennes ont donné à François HOLLANDE une forte légitimité, ainsi qu’une immense responsabilité. Il lui revient désormais de tirer toutes les leçons de ce scrutin et d’éviter les faux-fuyants pour se montrer à la hauteur de la crise européenne, répondre aux attentes du peuple de Gauche et incarner pour la majorité des Français une véritable alternative à la politique actuelle. Ce sont les conditions non seulement pour battre Nicolas SARKOZY, mais pour ensuite faire bouger les lignes et mettre en œuvre une politique de transformation sociale qui ne déçoive pas les Français.

lundi 3 octobre 2011

Martine Aubry, une candidate qui ne décevra pas la gauche



Passés le buzz médiatique et l'ornière de la personnalisation, les primaires des 9 et 16 octobre 2011 vont permettre aux citoyens de gauche de choisir entre des orientations politiques différentes. Quel changement voulons-nous voir porter par le candidat de la gauche en 2012 ?



  • Des restrictions européennes au libre-échange face au dumping social et environnemental,
  • La modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction de l’usage de leurs profits,
  • Une Banque Publique d’Investissement,
  • La sortie progressive et définitive du nucléaire,
  • Le droit à prendre sa retraite à 60 ans,
  • L’encadrement des loyers dans les zones de spéculation,
  • Une allocation d'études et 300 000 emplois d'avenir pour la jeunesse,
  • Le droit au mariage et à l’adoption pour tous les couples,
  • Le non cumul des fonctions et des mandats pour les ministres, députés et sénateurs…
Ce sont quelques-unes des propositions portées par Martine Aubry. Que l'on vote socialiste ou non au 1er tour des Présidentielles, ces propositions - et leur présence ou non au 2nd tour - ne peuvent nous laisser indifférents. Elles contribuent à faire de Martine Aubry la mieux placée pour battre Sarkozy en rassemblant la gauche autour d'un projet ambitieux de transformation écologique et sociale.

"Martine Aubry, une candidate qui ne décevra pas la gauche". C'est le titre de l'appel lancé aux électeurs de toute la gauche par le courant socialiste Un monde d'avance emmené par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli.

Toutes les propositions de Martine Aubry sur www.martineaubry.fr

jeudi 1 septembre 2011

Les enjeux autour du collège unique occultés du débat pour 2012 ?

source : www.parti-socialiste.fr

Cette année encore, plus de trois millions d’élèves feront leur rentrée au collège dans une surprenante indifférence politique et médiatique. On entendra certes les syndicats, comme chaque année, dénoncer les suppressions de postes. 4800 postes d’enseignants en moins dans le secondaire (collège et lycée) pour 80 000 élèves supplémentaires ! L’équation semble aberrante, mais les ravages sont plus discrets que dans les écoles où un enseignant en moins se traduit par une suppression de classe et des parents très vite mobilisés. Au collège, les effectifs par classe s’alourdissent au fil des années, les travaux en demie classe disparaissent, les remplacements sont de moins en moins assurés et les travailleurs précaires de plus en plus nombreux. Le collège souffre en silence. Seules ses bouffées de violence lui donnent accès aux médias.

Le collège est un monde à part, un fragile bouillon de culture commune, un révélateur aussi des tensions de notre société. Les enfants de tous milieux et de tous niveaux se frottent aux savoirs disciplinaires et aux divers professeurs qui les incarnent, ils font le  rude apprentissage du travail personnel et de l’évaluation sanction, tout en vivant leur propre mue adolescente dans un cadre collectif rarement serein. Les enseignants peinent souvent à prendre en charge des élèves si divers, pour qui l’école ne fait pas toujours sens ou qui rechignent à respecter les règles. C’est là aussi que s’opère un premier tri social, cristallisant les inégalités scolaires et dessinant les avenirs individuels. Dernier échelon de la scolarité commune, le collège est directement exposé à la critique des comparaisons internationales de type PISA, venues confirmer combien les écarts de niveau se creusent, avec une croissance inquiétante du nombre d’élèves en grande difficulté (environ 15% des collégiens) et une reproduction sociale des inégalités scolaires supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE.

Ces dernières années, la droite a discrètement pris pour cible le collège, dont les maux sont vus comme autant de preuves d’échec des politiques de mixité sociale. Dépeçage des moyens humains jusqu’à l’os dans le public mais financement accru du privé, mise en concurrence des établissements publics entre eux par la désectorisation, démantèlement de la formation des enseignants… Au nom du libre choix éducatif et d’une pseudo égalité des chances, les gouvernements successifs ont encouragé les stratégies individualistes des familles et méthodiquement déstabilisé le service public d’éducation nationale en se concentrant sur son échelon le plus fragile, le collège.

Pour l’après 2012, l’UMP veut en finir pour de bon avec le collège unique instauré par le ministre René HABY en 1975. Malgré de réels clivages internes, deux conventions tenues en novembre 2010 et juin 2011 lui ont permis de préciser son programme pour « passer du collège unique au collège pour chacun ». Le parti présidentiel développera des établissements de réinsertion scolaire pour les perturbateurs et les décrocheurs. Il rétablira un examen d’entrée en 6e et permettra au chef d’établissement de recruter son équipe enseignante. En ville, les élèves seront regroupés dans des collèges par classe plutôt que par quartier (un collège pour les 6e-5e, un autre pour les 4e-3e) et des filières pré-professionnelles seront récrées dès la 4e – des « prépa pro » ou encore des classes « métiers-études ».

Bref, un projet rétrograde et dangereux ! Rétrograde car à contre-courant des recherches scientifiques qui convergent pour montrer la supériorité des modèles éducatifs dotés d’un tronc commun allongé et intégré, avec des classes hétérogènes excluant les filières précoces. Dangereux aussi dans son renoncement à faire progresser le niveau d’éducation, la cohésion sociale et l’unité nationale dont notre République a tant besoin.

Que propose le PS pour réinventer le collège unique ? Adopté par la convention du 28 mai 2011, le projet socialiste pour 2012 inclut un ambitieux volet éducatif, mettant l’accent sur la petite enfance et le début de la scolarité, mais aussi sur l’enseignement supérieur. Toutefois  il n’y est guère question du collège, qui n’est même pas cité en tant que tel. Tout juste les socialistes s’engagent-ils à « améliorer la transition à l’entrée en sixième » et à élaborer de nouveaux programmes « combinant de solides bases disciplinaires, une pédagogie du projet, de l’expérimentation et du travail en équipe, et une place accrue données aux activités artistiques et culturelles, à l’expression orale et à l’enseignement technologique ». Des propositions essentielles sont aussi formulées pour revaloriser le métier d’enseignant, rétablir pour eux une véritable formation initiale, mobiliser l’ensemble des acteurs autour de projets éducatifs locaux et rendre plus efficace l’éducation prioritaire et la sectorisation – qui sera revue en intégrant un indice de mixité sociale et en y impliquant le privé.

Les principaux candidats socialistes à la présidentielle sont-ils prêts à réformer le collège ? On peut en douter du côté de François HOLLANDE qui, dans son projet présidentiel, donne priorité à la réduction de la dette publique et n’envisage d’éventuelles créations de postes qu’au primaire et sous forme de redéploiements. Or aucune réforme structurelle valable ne sera possible au collège sans y remettre en même temps davantage de moyens humains, au moins dans les établissements les plus sensibles. Dans sa Lettre aux Français, Martine AUBRY propose clairement des recrutements nouveaux là où ils sont le plus nécessaires. Elle fait aussi de la lutte contre l’échec au collège une priorité. Dans une interview au Monde du 1er septembre, elle développe des pistes stimulantes pour une « refondation de l’école ». Mais elle devra faire des choix parmi la variété des points de vue présents dans son entourage.

Solférino compte encore quelques nostalgiques de « l’école fondamentale », qui n’ont pas digéré les arbitrages des années 1970-1980 en faveur de l’unification du corps enseignant au collège sur le modèle du secondaire. Oui, il faut davantage d’unité et de cohérence sur l’ensemble de la scolarité obligatoire. Mais faire du rapprochement avec l’école primaire, notamment de la polyvalence des enseignants, la clé de voûte de la réforme du collège, c’est se mettre à dos toute une profession et vouer ainsi à l’échec toute réforme structurelle, alors que rien ne prouve la pertinence de cette proposition. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui avec une authentique aspiration démocratique, s’accrochent à la notion de « socle commun de connaissance et de compétences » introduite par la loi Fillon de 2005. Hélas ils n’en perçoivent pas les effets pédagogiques délétères à l’œuvre aujourd’hui via le Livret Personnel de Compétence (LPC) et l’émergence d’un enseignement à deux vitesses : les programmes et la préparation au lycée pour les bons élèves, le socle et l’orientation précoce pour les autres. Beaucoup à Solférino insistent enfin sur la « personnalisation » des réponses éducatives, une intention louable, à condition qu’elle s’appuie sur des pédagogies différenciées mises en œuvre d’abord au sein de la classe hétérogène, plutôt que sur la reconstitution de classes de niveau et donc d’un collège à plusieurs vitesses.

Pourtant, ni les idées ni les bonnes volontés ne manquent pour construire, en partant de l’existant, un collège unique plus juste, plus humain, plus ambitieux. Pour le PS, on lira avec intérêt le rapport Un collège commun et ambitieux publié fin 2010 par le Laboratoire des Idées, présidé par le député Christian PAUL. Mais il est surtout frappant de constater – malgré quelques vieux clivages et d’incontournables débats sémantiques – les convergences qui se dessinent au fil des divers travaux et  colloques que les acteurs du monde éducatif ont récemment consacré à ces questions. On retiendra notamment la refonte des rythmes scolaires (emploi du temps hebdomadaire et rythme annuel repensés, intégration du travail personnel au temps scolaire…) ; la redéfinition des programmes et de l’architecture des enseignements disciplinaires pour des contenus plus accessibles et mobilisateurs ; la formation et l’encouragement des enseignants aux pédagogies différenciées, actives et coopératives, à d’autres formes d’évaluation, au travail en équipe et au tutorat ; une véritable coopération de tous les acteurs éducatifs à l’échelle de l’établissement et du bassin de formation ; une autonomie pédagogique accrue des établissements dans un cadre règlementaire national (programmes et horaires obligatoires) et avec des moyens pérennisés…

Il serait regrettable que la Gauche, empêtrée dans des débats idéologiques désuets, bâtisse un projet éducatif pour 2012 qui occulte la question du collège, laissant le champ libre à la Droite pour préparer l’opinion à l’extraordinaire régression éducative que serait le démantèlement du collège unique.

 
Quelques pistes de lectures :  

lundi 4 avril 2011

Les enjeux souterrains de la transition énergétique

source : www.paris.fr
L'accident nucléaire de Fukushima a mis dramatiquement en relief le défi écologique auquel sont confrontées nos sociétés modernes, celui d'une transition vers des énergies propres et renouvelables. L'énergie phénoménale dégagée par le séisme, qui a provoqué le tsunami à l'origine de l'accident, est aussi à mettre en regard de notre dépendance énergétique vis-à-vis des ressources du sous-sol. A défaut de savoir mettre le soleil en boîte, nous devrons toujours faire la part belle, dans notre "bouquet énergétique", aux énergies du sous-sol. Encore faut-il ne pas se tromper d'objectif...

Vendredi dernier, le Maire de Paris inaugurait une installation pionnière de chauffage par la récupération de chaleur des égouts. Ce procédé écologique innovant, incluant une pompe à chaleur, équipe désormais l'école de la rue de Wattignies (12e) dont les besoins annuels en chauffage seront couverts à plus de 70% par cette énergie nouvelle, qui se substitue au gaz de ville. L'école devrait ainsi diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre. A terme, d'autres installations verront le jour et la chaleur des égouts de Paris pourrait théoriquement chauffer jusqu'à 10% de ses habitants ! L'installation de la rue de Wattignies a été réalisée pour le compte de la Ville de Paris par la Lyonnaise des Eaux (groupe GDF Suez) et la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU) qui est aussi une filiale de GDF Suez. Près d'un quart des Parisiens utilise la chaleur de la CPCU, issue à 46% de l'incinération des déchets ménagers non recyclables. La CPCU cherche désormais à développer la géothermie, avec notamment deux puits récemment creusés à 1800 mètres de profondeur dans le Nord-Est de Paris. L'Île-de-France représente un potentiel géothermique important, qui fait l'objet d'un plan de relance voté par le Conseil régional en 2008.

Qu'il s'agisse de géothermie ou de chaleur des égouts, une entreprise comme GDF Suez sait investir dans les énergies renouvelables, pour peu qu'elle y soit incitée par les pouvoirs publics. La fièvre de l'or noir n'a pas pour autant fini de galvaniser les multinationales de l'énergie... C'est ainsi que le même GDF Suez, mais aussi Total et Schwepbach Energy, ont obtenu de l'Etat en 2010 trois permis de prospection de gaz de schiste dans une vaste zone d'environ 10 000 km² s'étendant de Montélimar à Montpellier ! Jeudi dernier, le groupe socialiste du Conseil régional d'Île-de-France organisait l'avant première du film documentaire Gasland qui décrit les ravages causés aux Etats-Unis par l'exploitation massive des gaz et des huiles de schiste depuis quelques années. Outre qu'elle poursuit la logique délétère de recours aux énergies fossiles, cette exploitation d'un gaz et d'un pétrole dits "non conventionnels" utilise en effet une technique de "fracturation hydraulique" du sous-sol nécessitant des quantités d'eau gigantesques et provoquant des pollutions dramatiques des nappes phréatiques.

L'Île-de-France sera-t-elle touchée par la fièvre du gaz de schiste ? Toreador, une petite société française liée à Julien Balkani (demi-frère de Patrick, proche de Nicolas Sarkozy), se prépare à un premier forage exploratoire d'huile de schiste à Doué (Seine-et-Marne). Mais ici comme en Ardèche ou sur le Larzac, citoyens et politiques se mobilisent. Une pétition nationale circule, des manifestations jaillissent, la droite semble se diviser, et les députés socialistes préparent pour la mi-mai un proposition de loi visant à interdire l'exploration et l'exploitation des huiles et gaz de schiste. Reste la collusion initiale entre décideurs publics et intérêts privés, au détriment de l"intérêt général.

Pour faire les bons choix face au défi énergétique qui nous attend, ne serait-il pas plus sage de recréer un pôle public de l'énergie, qui inclurait les grandes entreprises françaises de l'électricité, du gaz et du nucléaire, tout en garantissant une forme de contrôle public sur Total ? Ce serait un outil efficace pour assurer à la fois la sécurité d'approvisionnement énergétique du pays, l'accès de tous à une énergie à prix modéré et un investissement massif dans les énergies propres et renouvelables.

vendredi 18 mars 2011

EAU PRINTEMPS : Atelier, balades, débats, installations plastiques, expos... dans le 12e




Ce 22 mars 2011, la journée mondiale de l'eau aura pour thème "l'eau pour les villes : répondre au défi urbain". A cette occasion, l'association "L'eau est le pont" propose du 19 mars au 7 avril, avec le soutien de la Mairie du 12e, un programme d'atelier, de balade urbaine, de projection-débat, d'installations plastiques et d'expositions (programme détaillé ci-dessous).

Cette journée mondiale de l'eau sera l'occasion de revenir sur les enjeux qui ont conduit la Ville de Paris à remunicipaliser son eau. Elle sera aussi une invitation à ceux d'entre nous qui n'y ont pas encore goûté, à découvrir au jardin de Reuilly la Pétillante, une fontaine à eau innovante puisqu'elle distribue, outre de l'eau à température ambiante, de l'eau rafraîchie et de l'eau pétillante !



PROGRAMME :

Atelier et performance, le samedi 19 mars, avec l'association Paris Label
- Atelier « L'eau de ma vie, l'eau de ma ville »
(tout public), de 10 h 30 à 12 h 30 : devant la Maison des associations fabrication de petits « cata' marrants » porteurs de messages en rapport avec cet élément, pour une mise à la flottaison dans l'eau du caniveau l'après-midi...
- Déambulation poétique et plastique
Entre la Place Félix Eboué et l'entrée du Jardin de Reuilly, de 15 h 00 à 16 h 30 : mise à l'eau des petites embarcations qui nous guideront sur un parcours riche en surprises jusqu'à la fontaine « la Pétillante » où un goûter sera offert et les messages dépouillés et lus.


Installations plastiques, du 18 mars au 7 avril, par l'association Paris Label
- Sur un Nuage, d'Anne Maurange à l'entrée du jardin de Reuilly : Eau-nature, -plaisir, -légéreté... Mais qu'en est-il de nos bouteilles vides, objets de dégradation ?
- Water Lily* de la City, de Paule Kingleur au Parc de Bercy : Le printemps se révèle sur le miroir de l'eau à travers de drôles de fleurs aquatiques. Installation flottante de plus de 200 nénuphars urbains.


Balade urbaine, le dimanche 20 mars à 14 h 30, par l'association Percevoir"Points de vue de l'eau dans le XII° arrondissement"Découvrir ou redécouvrir son quartier avec l'eau pour guide. Tout public ; durée 2 h 30 ; accès libre, rendez-vous : sortie du métro « Cour St-Emilion ».

Expositions photos, du lundi 21 mars au vendredi 8 avril, à la Maison des ensembles,
"De regards en reflets"
La ville, l'eau, hier et aujourd'hui dans l'oeil de deux photographes : Henri Guérard et Stéphane Santini. Projection nocturne en façade les 21, 22, 23 et 30 mars (de 18 h 00 jusqu' à l'aube).


Projection-débat, le mardi 22 mars à 19 h 30 : sur la péniche ALTERNAT, Port de Bercy :"Les enjeux de l'eau à Paris, et eau-delà".
"Su", (l'eau en turc) documentaire de 28', réalisé par Clément Juillard pendant le forum mondial de l'eau à Istanbul (mars 2009), en présence de MM. Mohamed Larbi Bouguerra, ancien directeur associé au CNRS, coordinateur du programme Eau de la fondation C-L Mayer pour le progrès de l'homme, et Joël Josso, secrétaire de la coordination Eau Île-de-France.


Vernissage des expositions et rencontre avec les artistes, le mercredi 30 mars à 19 h à la Maison des ensembles, suivie de la présentation d'un court-métrage
"Sécheresse" (23', 2010) réalisé l'été 2010 par des jeunes palestiniens dans un camp de réfugiés, lors d'ateliers avec l'association
"Regarde à vue".


Adresses :
- Maison des associations : 181 Avenue Daumesnil 75012 Paris
- Maison des Ensembles : 3/5 Rue d'Aligre -75012 Paris tous les jours sauf dimanche - 01 53 46 75 10
- "La Pétillante", fontaine d'eau gazeuse : Jardin de Reuilly entrée par l'avenue Daumesnil - Mairie du XII°
- "Sur un nuage" : entrée du jardin de Reuilly, Avenue Daumesnil
- "Water Lily de la City" : Bassin des nénuphars du parc de Bercy à côté de la Maison du lac
- Péniche ALTERNAT : Port de Bercy Aval accès par le Quai de Bercy, en amont du Pont de Bercy, au niveau du Palais Omnisports de Paris - Métro Bercy ou Quai de la Gare



L'EAU EST LE PONT- Paris XII°
Renseignements : 01 71 73 47 84
http://leauestlepont.free.fr

mardi 11 janvier 2011

Bonne année sylvestre !


Quand l’ONU promeut 2011 année internationale des forêts, elle touche au rapport intime que chacun d’entre nous entretient avec ce milieu naturel. Ainsi, j’aime les hêtres de la forêt d’Irati au Pays Basque photographiés par Jérôme Borda, ou plus proche de moi les paysages du Bois de Vincennes dont s’est emparé Jean-François Valantin. Mais pris entre nostalgie bucolique et émotion esthétique, mesurons-nous l’enjeu politique qu’est devenue la forêt, y compris en France ?

Le sommet de Cancun s’est achevé en décembre dernier sur un accord qui marque un progrès dans la lutte contre la déforestation mondiale. Le combat est décisif, tant pour la préservation de la biodiversité que pour la lutte contre le réchauffement climatique. On estime en effet qu’environ 13 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année dans le Monde, provoquant 20 à 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, principalement en zone tropicale. Cancun a adopté un premier cadre international pour le dispositif REDD (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation) qui consiste à amener les pays concernés à protéger leurs forêts en échange de moyens conséquents. Toute référence au marché du carbone a été exclue du texte, au grand dam des lobbies capitalistes. Mais de multiples questions restent ouvertes, notamment sur la dimension sociale du combat contre la déforestation (droits et intérêts des peuples autochtones), rappelant la difficulté récurrente à mettre en œuvre des politiques de développement durable alliant protection de l’environnement et progrès social.

A son échelle, la forêt française aussi recule. En 2008, elle a diminué de 28000 hectares. Il s’agit d’un tournant historique, après une période continue d’accroissement de la surface forestière nationale depuis le milieu du XIXe siècle : de 9 à 16 millions d’hectares, soit aujourd’hui près de 30% du territoire national (4e rang européen). La forêt est principalement victime de l’artificialisation croissante des sols (extension du bâti et des infrastructures), dans une moindre mesure de la reconquête par l’agriculture de certaines surfaces boisées. Elle souffre aussi d’un désinvestissement flagrant depuis une dizaine d’années, qui ne s’explique pas seulement par la déprime due aux grandes tempêtes et aux aléas des prix du bois. L’Office National des Forêts (ONF), qui gère les forêts publiques soit 27 % de la surface forestière,  doit désormais réduire ses effectifs de 1,5% par an et se plier à l’impératif de rentabilité – « produire plus tout en préservant mieux la biodiversité » résumait le Grenelle de l’Environnement. Sur le terrain, les forestiers doivent couper plus de bois, des arbres plus jeunes, et gérer des surfaces toujours plus vastes. Le malaise des personnels est patent, qui s’est traduit par plusieurs suicides, et les syndicats redoutent à terme la privatisation de l’office… 

Pour la forêt aussi, faisons le vœu d’un service public revigoré !

Paradoxalement, ce sont les forêts des métropoles occidentales qui font aujourd’hui l’objet d’un soin maximum. Ainsi dans le 12e arrondissement de Paris, le Bois de Vincennes est une forêt urbaine hautement protégée. Sur les 995 hectares du Bois, la moitié environ est couverte par le massif forestier, le reste étant constitué de prairies arborées, de lacs et rivières, de routes et de divers équipements (INSEP, Cartoucherie, Hippodrome etc.). Non seulement le Bois est un « Espace Boisé Classé à Conserver », mais la Mairie de Paris s’est dotée en 2003 d’une Charte d’aménagement durable du Bois, signée avec les communes riveraines, visant notamment à garantir un espace naturel de qualité propice à la biodiversité. Malgré les multiples usages du Bois liés à ses équipements et à son implantation urbaine, la forêt est préservée et la Mairie travaille même à transformer d’anciennes routes en voies forestières. Parallèlement, depuis 2007, la Ville mobilise ses habitants dans le cadre de l’opération « 1 Parisien, 1 arbre » afin de soutenir financièrement des opérations de reboisement au Cameroun, à Madagascar et en Haïti.

Souhaitons qu’en  2011, les Parisiens nous accompagnent – nous leurs élus – pour développer encore la mise en valeur de notre patrimoine arboricole et forestier.