mardi 18 décembre 2012

Les Socialistes face à la prochaine étape de l’intégration européenne

Perspectives sombres pour la zone euro, épuisement des peuples face à la crise sociale, verrouillage conservateur des institutions de l'UE : la construction européenne se situe à une étape charnière. A l'approche des élections européennes, la victoire de la gauche en France et la possibilité d'une prochaine alternance à Berlin ouvre des opportunités dont les socialistes français doivent se saisir pour pousser dans le sens d'un saut fédéral, démocratique et social pour l'Union européenne.

Je vous recommande à ce sujet le dossier spécial publié par Un Monde d'Avance :

Dossier du mois spécial Europe : Les Socialistes face à la prochaine étape de l’intégration européenne

mardi 4 décembre 2012

Actualisation du Plan Climat-Energie de Paris

+2°C... Paris s'invente! - Collectif "Et alors?"

Le Conseil du  12e arrondissement a approuvé hier l'actualisation du Plan Climat-Energie de la Ville de Paris. J'étais le principal rapporteur de cette délibération. Voici le texte de mon intervention en conseil :



« Chers collègues le réchauffement climatique ne fait plus débat pas plus que l’épuisement programmé des ressources énergétiques fossiles. Vous le savez les villes sont au coeur de ces processus de réchauffement climatique et d’épuisement énergétique. Elles sont notamment les principales émettrices de gaz à effet de serre, les principales consommatrices d’énergie et elles sont aussi les plus exposées au réchauffement climatique et aux risques induits. Une étude a été publiée récemment par la Ville de Paris au mois d’octobre, réalisée en lien avec Météo France. Elle rappelle qu’il est à prévoir pour Paris une hausse des températures d’ici la fin du XXIème siècle de 2° à 4° supplémentaires avec surtout le développement des phénomènes caniculaires. La canicule de 2003 devrait être considérée d’ici la fin du siècle comme un phénomène habituel en été. Cette étude a aussi mis en évidence le phénomène d’îlots de chaleur en agglomération, variables selon les quartiers et les rues.

Face à ce constat, nous possédons dans la Ville de Paris d’un plan climat qui date de 2007. Il est issu d’une démarche engagée dès 2005 en associant l’ensemble des acteurs concernés avec une phase de concertation, un livre blanc puis l’adoption du plan à l’unanimité en Conseil de Paris en 2007. Ce plan climat fixe des objectifs ambitieux avec le facteur 4 d’ici 2050 soit une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation énergétique. Pour travailler à moyen terme, ce plan climat fixe des objectifs d’ici 2020. D’ici 2020, 25% de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2004 qui est la référence, 25% de réduction de la consommation énergétique et atteindre une part d’énergie renouvelable ou de récupération de 25% dans notre consommation énergétique parisienne pour le territoire parisien. Le plan climat fixe aussi des objectifs un peu plus ambitieux soit 30% de réduction pour les mêmes critères concernant le patrimoine et les compétences propres à la Ville de Paris.


Nous sommes aujourd’hui amenés à actualiser ce plan climat. Il faut d’abord faire un premier bilan qui est plutôt encourageant du point de vue des chiffres. Si nous reprenons les objectifs qui sont ceux du plan climat, nous constatons qu’entre 2004 et 2009 (points de références car des bilans carbone de la ville ont été réalisés ces années-là). En 2009 soit deux ans après le vote du plan climat nous avons déjà atteint une réduction de 2% des émissions de gaz à effet de serre de la ville et une réduction de 5% de sa consommation énergétique à l’échelle du territoire parisien, et nous sommes passés de 10% à 12% d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique du territoire parisien. Tout cela certes dans une période où le prix des énergies fossiles ont flambé incitant les Parisiens à plus d’économies mais une période où en même temps la population parisienne n’a cessé d’augmenter ce qui relativise le constat ci-avant. En 10 ans Paris a gagné 100 000 habitants de plus.


Je parlais d’un contexte particulier depuis 2007-2008 à savoir un contexte de crise économique. Pourtant la ville continue d’investir massivement. Les interventions de mes collègues l’illustreront pour le 12ème arrondissement. J’insisterai rapidement sur les efforts en termes de rénovation thermique avec plus de 4 500 logements sociaux concernés par an, avec un plan de rénovation thermique de 100 écoles actuellement en cours de réalisation. J’évoquerai aussi en termes d’investissement les 25 000 m² de panneaux solaires réalisés, la création d’un puits de géothermie à Paris Nord Est, et surtout l’ambitieuse politique de déplacement et de transport de marchandises sur laquelle ma collègue Catherine BARATTI-ELBAZ reviendra, le transport étant le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre.


J’insiste sur ce que nous sommes en train de vivre à Paris c’est-à-dire un véritable changement de paradigme avec ce plan climat dans le sens où désormais il s’agit d’inscrire les objectifs de développement durable au coeur des missions de la ville. Cela a amené d’abord l’administration parisienne à prendre en charge ces objectifs. Il faut faire évoluer les mentalités et les pratiques au sein même de l’administration. Evoquons par exemple le plan de déplacement de l’administration parisienne qui est un bouleversement pour les agents parisiens. Le plan climat a été petit à petit intégré à tous les nouveaux projets urbains et mon collègue François PELLEGRI en parlera. Des cahiers des charges environnementales sont désormais intégrés à tous nos marchés publics avec des exigences de plus en plus fortes en matière de lutte contre le réchauffement climatique. En mairie du 12ème nous menons des actions ambitieuses en termes d’isolation du bâti, de remplacement de fenêtres, de remplacement progressif des éclairages, de travail sur nos consommations en eau et d’affichage, en effet dans le cadre de la campagne « display » nous affichons à l’entrée les performances énergétiques et environnementales de l’Hôtel de Ville du 12ème. Nous allons aussi nous inscrire prochainement dans la campagne « Netsin énergie » qui est une expérimentation permettant de suivre au quotidien les consommations de notre mairie d’arrondissement que ce soit pour l’énergie ou encore les émissions de CO2.


Au-delà de l’administration parisienne, je dis cela car l’administration parisienne ne travaille peut-être que sur 5% du développement durable parisien. Peut-être qu’elle influence sur 15% du développement durable mais il n’y aura pas réel progrès en termes de lutte contre le réchauffement climatique si nous ne mobilisons pas aussi l’ensemble des acteurs parisiens et si nous ne travaillons pas à faire évoluer les comportements. C’est le sens du plan de prévention des déchets, de la création dans le parc de Bercy de l’agence parisienne du climat qui accompagne les particuliers, les associations, les entreprises dans leur démarche de développement durable.


C’est ce changement de paradigme que nous souhaitons poursuivre. La question pour nous ce soir est de savoir ce qui change dans cette actualisation du plan climat énergie. Il s’agit d’abord d’une actualisation par rapport au nouveau cadre légal. Désormais la loi oblige toute collectivité de plus de 50 000 habitants à adopter un plan climat énergie territorial. Nous inscrivons notre plan climat de 2007 dans ce cadre légal. L’autre évolution concerne le souci encore plus fort de rendre ce plan climat toujours plus opérationnel. Dans les prochains mois, ce plan climat sera décliné en carnets stratégiques opérationnels sur les différents thèmes en collaboration avec les acteurs concernés (logement, grand tertiaire, énergie). Vous avez d’ores et déjà pu constater l’élaboration en annexe de la délibération un carnet de l’administration parisienne.


A terme, l’opérationnalité de ce plan climat consistera en la révision du PLU ainsi qu’en la création de cahiers des charges avec les bailleurs sociaux et ainsi de suite. Autre changement important inscrit dans cette actualisation du plan climat, il s’agit de franchir un palier dans la mobilisation de l’ensemble des acteurs parisiens et même de la métropole car le développement durable s’envisage à l’échelle de la métropole. En annexe vous trouverez un modèle de chartes partenariale avec les acteurs qui s’engagent dans la dynamique du plan climat. Nous souhaitons développer ces partenariats et travailler davantage à l’échelle métropolitaine notamment sur la question des réseaux de chaleur. Je laisse soin à mes collègues de développer les grandes orientations thématiques de ce plan climat. J’insisterai sur une priorité majeure à savoir le secteur des transports. Des annonces ont déjà été réalisées à ce sujet lors du dernier Conseil de Paris par le Maire de Paris. A travers ce plan climat apparaît la volonté de la part de la Ville de Paris d’élaborer une véritable stratégie d’adaptation aux risques climatiques. Il faut éviter que le réchauffement climatique n’augmente encore plus, prévoir ce réchauffement et s’y préparer notamment grâce au développement de la végétalisation urbaine. Il s’agit d’un moyen prioritaire pour limiter les effets des épisodes caniculaires et des îlots de chaleur mis en avant par l’étude dont je parlais tout à l’heure.


Je terminerai cette présentation générale en insistant sur le fait que le changement climatique est une crise écologique majeure mais c’est aussi une crise qui nous invite à trouver rapidement des solutions pour adapter durablement la Ville à ce phénomène de réchauffement climatique. Certains d’entre vous ont peut-être pris connaissance de l’exposition Paris +2° qui s’est d’abord déroulée au parc de Bercy puis en mairie du 12ème et qui invitait des architectes à imaginer ce que serait Paris d’ici la fin du siècle dans le cadre d’une température moyenne de +2°. En voyant ces panneaux, nous nous disions qu’inventer une ville durable est évidemment inventer une ville plus résiliente mais aussi inventer une ville plus désirable et c’est aussi le défi qu’il faut que nous nous donnions avec ce plan climat. »

lundi 12 novembre 2012

Sur la compétitivité : tribune de Guillaume Balas

Dans le cadre du débat sur le "pacte de compétitivité", je vous recommande la lecture d'un récent communiqué de presse de Guillaume BALAS, secrétaire général d'Un Monde d'Avance :

Compétitivité: ce n’est pas le coût du travail qui est élevé, mais le coût du capital ! par Guillaume Balas

lundi 15 octobre 2012

Refondation de l'Ecole : les premiers arbitrages

 Il s'agissait d'une priorité majeure du candidat François Hollande : la refondation de l'Ecole commence à prendre forme avec les premiers arbitrages suite au rapport de la concertation.

A découvrir sur le site internet de la concertation :

Premiers arbitrages après la remise du rapport de la concertation sur la refondation de l’École de la République

vendredi 20 juillet 2012

Pour une nouvelle culture scolaire

Contribution thématique pour le congrès de Toulouse du PS, 26-28 octobre 2012

Retrouvez et signez cette contribution sur le site du Parti socialiste.

Face au creusement des inégalités et à l’impératif de démocratisation scolaire, François HOLLANDE avait insisté dans son programme sur sa volonté de remettre l’éducation et la jeunesse au cœur de l’action publique. Cet engagement de campagne s’est d’ores et déjà traduit par des annonces budgétaires et, surtout, par le lancement, le 5 juillet 2012 d’une vaste concertation sur la refondation de l’Ecole, sous l’égide des ministres Vincent PEILLON et George PAU-LANGEVIN.

Nous ne prétendons pas aborder ici tous les enjeux de cette refondation. Nous voulons juste insister sur un point. Tout indispensables qu’elles soient, les réformes organisationnelles ne suffiront pas. L’avènement de l’Ecole de masse, les profondes mutations culturelles de nos sociétés et l’impératif démocratique viennent bousculer les certitudes de l’institution. Franchir une nouvelle étape dans la démocratisation de l’Ecole suppose aussi la refondation de la culture scolaire, pour la rendre plus ouverte à la culture vivante et plus apte à la réussite de tous.

François HOLLANDE l’avait pressenti, qui écrivait dans son programme : « Je donnerai la priorité à l’acquisition des savoirs fondamentaux et d’un socle commun de compétences et de connaissances. Nous transformerons, avec les enseignants, les méthodes pédagogiques » (engagement n°37). Dans le cadre de la concertation initiée par le Gouvernement, cet aspect sera traité par le groupe de travail n°1 (la réussite scolaire pour tous) à travers au moins deux thèmes : « la redéfinition du socle commun » et « le renforcement de l’éducation artistique, culturelle et scientifique ».

A quelques mois d’une nouvelle loi d’orientation pour l’Ecole, ces enjeux nous ont semblé suffisamment politiques pour que nous leur consacrions une contribution dans le cadre du congrès de Toulouse.



1.    Ambition et limites du socle commun


Institué par la loi FILLON (2005), le socle commun de connaissances et de compétences a été progressivement mis en œuvre dans les établissements scolaires, notamment depuis 2010 à travers le Livret Personnel de Compétence (LPC). Hélas, cette réforme n’a pas permis de refonder la culture scolaire.

Le socle commun répondait pourtant à une ambition progressiste du législateur, celle de définir « un ensemble de connaissances et de compétences qu'il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société ». Le socle commun devait devenir le cadre de référence de la scolarité obligatoire, fixant des objectifs qui devaient fédérer tous les efforts de l’Education nationale. Ses concepteurs y voyaient aussi l’occasion d’ouvrir davantage les pratiques des enseignants au travail d’équipe interdisciplinaire et à l’approche par compétences, considérés comme plus efficaces dans le traitement des difficultés scolaires.

Mais les contradictions du socle commun étaient inscrites dans la loi elle-même. Il y était tout d’abord précisé que, « parallèlement à l'acquisition du socle commun, d'autres enseignements sont dispensés au cours de la scolarité obligatoire ». Ainsi le socle se concentrait-il sur les « bases », les « fondamentaux », tandis que perduraient des programmes disciplinaires plus étoffés.

De fait, avec d’un côté le LPC et de l’autre des programmes régulièrement mis à jour, la scolarité obligatoire se trouve aujourd’hui dotée d’un double référentiel, qui risque d’accentuer encore les inégalités scolaires. Il est à craindre que pour une partie des élèves et des établissements, le socle ne devienne un horizon indépassable : « le socle pour tout le monde et la statue pour quelques-uns seulement ! » (Philippe MEIRIEU au Café pédagogique, 4/11/2010). Alors que le besoin d’élever le niveau de qualification se fait plus pressant en France, l’école obligatoire renoncerait-elle à préparer tous les jeunes, à égalité, à la poursuite d’études ?

Autre contradiction inscrite dans la loi, « la scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition d'un socle commun », mais en même temps, cette acquisition par les élèves « fait l’objet d’une évaluation qui est prise en compte dans la poursuite de la scolarité ». La loi fixe donc à l’Ecole une obligation de moyens, mais elle impose en même temps l’évaluation des performances individuelles en cours de scolarité – qui ne se réduit pas à la certification finale du socle.

Avec le LPC, cette obligation d’évaluer les élèves s’est même transformée en une véritable frénésie évaluatrice, la validation des compétences étant programmée en CE1, en CM2 et tout au long de la scolarité au collège. Cette validation vient s’ajouter aux évaluations existantes sans qu’aucune réflexion globale n’ait été menée sur la place et le rôle de l’évaluation à l’Ecole. Elle ne fait sens ni pour les élèves, ni pour les familles, ni même pour beaucoup d’enseignants, pour qui elle représente surtout une tâche administrative supplémentaire, difficilement applicable et assurément chronophage.

Couplé au Programme Personnalisé de Réussite Educative (PPRE), prévu lui aussi par la loi FILLON, le LPC enferme par ailleurs la scolarisation des élèves en difficulté dans une individuation dont la logique s’avère pernicieuse, puisqu’elle encourage à traiter la difficulté scolaire hors de la classe et à la contractualiser avec l’élève et sa famille, qui en deviennent donc responsables.

Dans le même sens, la numérisation des données scolaires du LPC via divers outils ministériels (Base Elève, Sconet, Affelnet etc.), au motif de suivre l’élève du primaire au secondaire, mémorise et rend accessible pour de nombreuses années le passé scolaire d’un élève, figeant une image de son cursus incompatible avec notre vision de l’enfant, personne en construction qui a le droit à l’erreur et à l’oubli. L’informatisation croissante du suivi scolaire appelle donc un meilleur encadrement juridique, une réelle information des familles et une transparence accrue quant aux usages et aux utilisateurs autorisés de ces données.

Outre ces craintes légitimes de « fichage », le LPC pose à vrai dire d’immenses problèmes pédagogiques. Il s’appuie sur une conception instrumentale et linéaire des apprentissages, réduits à une somme fragmentée de compétences déclinées en tâches à accomplir, écrasant des pans entiers de la culture mais incluant des comportements normés (notamment dans les compétences 6 et 7). Le LPC juxtapose des items très disparates, de nature différente et de difficulté diverse, qui n’ont rien de mobilisateur pour les élèves et qui rebutent même les enseignants les plus motivés par l’approche par compétences.

Le LPC marque une véritable régression pédagogique qui ne doit pas surprendre. Car avec la loi d’orientation de 2005, le législateur a renoncé à se donner les moyens d’une réforme en profondeur des enseignements – programmes disciplinaires et méthodes pédagogiques. L’Education nationale a fait l’économie d’une réflexion sur ce que devrait être aujourd’hui une culture scolaire démocratique, une réflexion qui tiendrait compte des avancées de la recherche pédagogique (au-delà d’un behaviorisme éculé) ou encore des profondes mutations culturelles de notre époque (décohabitation des générations, banalisation des nouveaux média, dématérialisation des savoirs, mémoires conflictuelles, crise d’autorité de la culture savante, éclectisme des pratiques culturelles et sociales des jeunes etc.).



2.    Construire une nouvelle culture scolaire

« Les pratiques des arts, des techniques ou des sports, la place considérable des images dans la vie sociale ne rencontrent qu’une faible traduction dans la culture scolaire, alors même que les sciences et les mathématiques ont une visibilité réduite et occupent une place dominante au sein du monde scolaire. Déjà, le plan LANGEVIN-WALLON proposait d’accorder une place conséquente aux « arts du faire », à l’action, à la production et à la fabrication dans tous les domaines du savoir. Or l’école continue de produire des exercices scolaires et des pratiques de travail où un exercice chasse l’autre, aussitôt oublié qu’il est noté. Ni la recherche, ni le questionnement, ni le tâtonnement, ni l’analyse des erreurs n’ont une place suffisante dans nos enseignements »
(Denis PAGET, « Ecole et distance culturelle », in Pour en finir avec les dons, le mérite, le hasard, ouvrage collectif dirigé par le GFEN, La Dispute, 2009)


La « redéfinition du socle commun » voulue par le nouveau Gouvernement doit être l’occasion d’ouvrir avec la communauté éducative un vaste chantier, celui de la construction d’une nouvelle culture scolaire. Cette nouvelle voie devra éviter le manichéisme entre deux attitudes : trop s’adapter aux élèves et à leurs pratiques culturelles en renonçant à toute exigence ou sommer tous les jeunes de rentrer dans la culture des élites. Or il y a place, sans aucun doute, pour une réflexion sur les valeurs, sur les cultures vivantes, sur la chance que nous offre aujourd’hui l’intensification des échanges et des dialogues interculturels.

Cette nouvelle culture scolaire, qu’on la nomme « socle commun » ou « culture commune », pourrait se matérialiser dans un document, véritable référentiel final de la scolarité obligatoire. Ce document ne serait pas destiné aux élèves – assurément il faut abandonner le LPC et sortir les enseignements du culte de la performance individuelle pour les replacer dans une perspective commune. Il s’agirait plutôt d’un document cadre pour les programmes disciplinaires et les projets d’établissement.

Les pistes à creuser sont nombreuses, à commencer par la rénovation des programmes eux-mêmes, pour laquelle seule une concertation très large permettra de s’affranchir des corporatismes. Les programmes doivent être revisités, rendus plus accessibles et mobilisateurs, moins chargés en connaissance à mémoriser, plus ouverts sur les cultures vivantes et la construction de l’identité collective, permettant aussi davantage la réflexion critique et la mise en activité. Un document cadre les rendrait plus cohérents entre eux, pour dégager notamment des objets d’étude favorisant un travail interdisciplinaire qui donne plus de sens aux apprentissages.

Plus profondément, il faut reconfigurer et déhiérarchiser les savoirs scolaires, c’est-à-dire en premier lieu revoir l’importance des horaires affectés aux différentes disciplines, mais aussi prendre en compte de nouveaux champs du savoir et de la culture. Ainsi les jeunes doivent être beaucoup mieux formés à la culture visuelle et médiatique, à la diversité linguistique, au droit ou encore aux méthodes documentaires. La technologie, les disciplines artistiques et l’EPS doivent être revalorisées.

La mission de l’Ecole ne doit pas se réduire à l’acquisition d’une somme de compétences et de connaissances, aussi nécessaires soient-elles. Pour éveiller l’élève à la curiosité, l’aider à structurer sa pensée et à former son jugement, l’Ecole doit valoriser davantage une démarche de projets, individuels et collectifs, encourageant les élèves à exercer leur initiative et leur créativité à travers diverses réalisations, y compris des « chefs d’œuvre » qui soient objets de fierté et puissent être présentés (soutenance, exposition, représentation etc.). La variété des productions dans l’établissement témoignera de l’appropriation par les élèves d’une culture scolaire vivante et fera le lien avec la société, ses artistes, ses experts ses associations. L’Ecole gagnera en outre à développer des voies pédagogiques qui combinent savoirs théoriques et méthodes actives, démarches déductives et inductives, argumentation et arts du faire. 

Cette rénovation de la culture scolaire doit inclure une remise à plat de nos modes d’évaluation, allant vers plus de sobriété – la note chiffrée sur le bulletin n’est probablement pas indispensable avant la 4e – et surtout plus d’efficacité en privilégiant la progression, plutôt que la note sanction. A cet égard, les enseignants gagneraient à être formés à différentes méthodes qu’ils pourraient combiner : notation chiffrée ou par grade, contrat de confiance, approche par compétence, évaluation en deux temps etc.

Ce grand chantier appellera quelques bouleversements dans l’organisation des enseignements, dans les processus d’orientation, dans le rapport des jeunes et des adultes à l’Ecole, dans la formation pédagogique des enseignants… Mais seule une refondation de la culture scolaire peut donner sens et cohérence à ces bouleversements.


Premiers signataires :
Laurent TOUZET (secrétaire fédéral à l’éducation, maire adj. Paris 12e), Hazim ABBAS (75), Pierre ARNOUX (75), Violette ATTAL-LEFI (maire adj. Paris 12e), Dominique AUBRY (75), Guillaume BALAS (président du groupe socialiste au Conseil régional d’Île-de-France), Cyril BELIER (75), Muriel BLAISSE (secrétaire de section, Paris 9e), Amine BOUABBAS (75), Evelyne BOULONGNE (75), Pascal CHERKI (député, maire, Paris 14e), Gabrielle CHAMARAT (75), Jean-Louis CHAPUIS (93), Patrick CLASTRES (animateur du groupe « Savoirs et émancipation » du Laboratoire des Idées), Alain CORLET (75), Mathieu DELMESTRE (75), Françoise DUMONT (75), Capucine EDOU (75), Odile GAILLARD (Maire adj. Athis Mons, 91), Emmanuel GREGOIRE (secrétaire de section, Paris 12e), Jean-Pierre GRYSON (75), Sébastien gué (75), Liliane GUIGNARD-GISSELBRECHT (secrétaire fédérale adjointe à l’éducation, 75), Vincent JAROUSSEAU (maire adj. Paris 14e), Aurélie KIENE (75), Egmont LABADIE (75), Simone LANDRY (75), Philippe LEPEUDRY (75), Louise MAISONS (75), Christiane MARCAILLOU (75), Mathieu MARIE (conseiller municipal de Guénange, 57), Delphine MAYRARGUE (secrétaire nationale adjointe au travail et à l’emploi), Laurent MIERMONT (maire adj. Paris 13e), Jean-François MINOT (75), Rodolphe MONGUE-DIN (75), Claire MOREL (conseillère de Paris), Olivia NGON (75), Carine PETIT (maire adj. Paris 14e), Jean-Louis PIEDNOIR (secrétaire de section, ministère de l’éducation nationale, 75), Bastien RECHER (secrétaire fédéral à l’animation politique, 75), Marie-Claude RICHET (75), Anne-Marie ROMERO (75), Michel ROUSSELOT (75), Audrey SAUNION (75), Isabelle SIMON (75), Ambroise SOLOMON (75) Laurent SOUCHARD (93), André STAROPOLI (75), Véronique STEPHAN (75), Gérard SÜSS (75), Guy TABACCHI (conseiller d’arrondissement, Paris 12e).

jeudi 10 mai 2012

Hollande et l’appel aux peuples : un tournant pour la social-démocratie ?

Photo : Elsa Peinturier pour le PS

 « Dans toutes les capitales, au-delà des chefs d’Etat et de gouvernement, il y a des peuples qui grâce à nous espèrent, regardent vers nous, et veulent en terminer avec l’austérité. Voilà mon message : vous êtes bien plus qu’un peuple qui veut changer, vous êtes déjà un mouvement qui se lève partout en Europe et peut-être dans le Monde, pour porter nos valeurs, nos aspirations et nos exigences de changement ».


 
J’étais place de la Bastille dans la nuit du 6 mai et j’ai entendu cet appel aux peuples prononcé par François Hollande. Passé inaperçu dans les médias, cet appel m’a touché. Non pas tant qu’il renouait avec une geste révolutionnaire et internationaliste dont le candidat socialiste avait jusqu’ici laissé l’usage à son adversaire du Front de Gauche. Il m’a bien plus touché par le sens qu’il donnait à la victoire de François Hollande : une nouvelle et large brèche s’ouvre dans le consensus libéral, rendant possible la « réorientation de l’Europe » dont François Hollande a fait l’un de ses thèmes de campagne. Mon propos laissera les uns dubitatifs, les autres railleurs. À vrai dire, je n’ignore pas la prépondérance des forces conservatrices aujourd’hui en Europe, ni le parcours de ce proche de Jacques Delors que fut François Hollande. Et pourtant…

Ne sous-estimons pas le chemin parcouru. La crise de 2008 et ses conséquences en cascade – en Grèce notamment – n’ont pas peu contribué à faire évoluer les socialistes français vers des positions que seule leur aile gauche défendait quelques années plus tôt. N’oublions pas que c’est le leader du OUI socialiste au TCE en 2005, qui en 2012 mène une campagne présidentielle victorieuse sur la réorientation de la construction européenne, s’engageant à renégocier un traité déjà signé par 25 Etats membres à l’initiative du couple franco-allemand ! Cette irruption inédite du thème européen dans une campagne présidentielle, c’est aussi la reconnaissance par les socialistes que l’Europe de Jacques Delors n’a pas tenu toutes ses promesses : le marché commun et l’union monétaire n’ont pas donné naissance à l’Europe sociale, la méthode communautaire bipartisane a fait long feu.

Le défi n’est pas mince qui attend François Hollande. Si son appel à un « pacte de croissance » trouve déjà beaucoup d’écho en Europe, les conservateurs l’entendent surtout comme un appel à libéraliser davantage les services et le marché du travail. Ils refusent catégoriquement de renégocier le pacte de rigueur budgétaire. Or pour le nouveau président français, hostile à la constitutionnalisation d’une « règle d’or » budgétaire et critique vis-à-vis de la rigueur imposée notamment aux Grecs, l’indispensable relance de la croissance passe au contraire par une réorientation du rôle de la BCE et par le financement de grands projets européens via la création d’euro-obligations, l’augmentation du capital de la banque européenne d’investissement et la taxation des transactions financières.

Si certains dans l’équipe présidentielle pourraient être tentés – face à l’offensive des marchés financiers contre la zone euro – par un compromis au rabais incluant la ratification du traité budgétaire du 2 mars, le président de la République paraît décidé à l’épreuve de force avec la chancelière allemande. Il sait qu’il pourra s’appuyer sur des peuples européens de plus en plus hostiles à la rigueur, qui l’expriment dans les urnes et dans les rues, et qui pourraient à nouveau se faire entendre à l’occasion du processus de ratification enclenché par les Etats. Un référendum est ainsi prévu en Irlande dès le 31 mai et en Allemagne même, Angela Merkel aura besoin des voix du SPD pour assurer la ratification parlementaire du traité. Car c’est là aussi que beaucoup va se jouer, au sein d’une social-démocratie européenne affaiblie par ses échecs et tentée de voir dans la victoire de François Hollande la voie de son redressement.
 
Hélas, sous l’effet de la crise financière et du ras-le-bol social, la construction européenne tangue. L’euro est en difficulté tandis que la contestation populaire gronde, ouvrant la voie au réveil des nationalismes. Une réorientation s’impose et la renégociation du traité budgétaire voulue par François Hollande – qui n’est déjà pas une mince affaire – n’y suffira pourtant pas. Tout d’abord, le poids de la dette dans certains pays est tel que la question de sa légitimité ne pourra être éludée plus longtemps. Surtout, le Parti Socialiste Européen (PSE), en lien avec ses divers partenaires, doit urgemment franchir une nouvelle étape dans la construction d’un projet commun pour réorienter l’Europe. Outre la relance économique, la priorité doit être à la convergence des normes sociales et fiscales, à la régulation de la finance, à la protection des services publics, à la démocratisation accrue des institutions de l’UE ainsi qu’à un plus juste échange dans le commerce international. C’est une question de justice vis-à-vis des peuples, et c’est une question de survie pour l’idéal européen.

Lionel Jospin lui-même notait sur France Inter le 8 mai dernier : « Nous n’aurions pas pu gagner avec le programme de Jean-Luc Mélenchon. Mais si les socialistes ou la gauche au pouvoir appliquent la politique de Papandréou, de Zapatero ou de Socrates, nous échouerons ». A l’heure où beaucoup de commentateurs observent, dans la victoire de François Hollande, le virage social-démocrate du socialisme français, peut-être faut-il surtout y voir le début du virage à gauche de la social-démocratie européenne.

jeudi 19 avril 2012

Avec François Hollande, remettre l’éducation et la jeunesse au cœur de la République !

La finance et la crise sociale auront dominé les débats de cette campagne présidentielle, occultant une autre dimension de ce scrutin : il est un choix de société entre deux projets antagonistes pour l’éducation nationale.

De Nicolas Sarkozy, nous connaissons le triste bilan, avec des établissements scolaires déstabilisés par un désinvestissement financier massif (77 000 postes supprimés en cinq ans), par l’assouplissement de la sectorisation au nom du « libre choix » et par la mise à mal de la formation des enseignants dont le recrutement est aujourd’hui en crise. Au final « des parents inquiets, des élèves parfois en souffrance, des professeurs fatigués (…), des classes surchargées (…) et surtout l’échec scolaire, inacceptable ! » (François Hollande le 9 février 2012 à Orléans) – on estime que 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.

De Nicolas Sarkozy, nous aurions tort d’ignorer le projet : réhabilitation de valeurs comme « l’autorité » ; poursuite des suppressions de postes dans le secondaire où le temps de travail des enseignants serait fortement allongé en échange d’une meilleure rémunération ; autonomie administrative et mise en concurrence des établissements (recrutement local des enseignants…) ; fin du collège unique avec des classes pré-professionnelles dès la 4e et l’apprentissage dès 14 ans. Bref une régression programmée du niveau d’études – a contrario des besoins de notre pays – et une libéralisation assumée de notre système éducatif, qui ne pourra qu’accroître encore les inégalités et mettre à mal le pacte républicain ! 

A contrario, si François Hollande a mis l’éducation et la jeunesse au cœur de son projet présidentiel, ce n’est pas seulement pour renouer avec un thème identitaire pour la gauche socialiste, attachée à l’émancipation républicaine par les savoirs et la culture à travers un grand service public d’éducation. C’est aussi que l’éducation et la jeunesse sont la condition du redressement de notre pays, la condition, aussi, de notre cohésion nationale.

Encore faut-il s’en donner les moyens ! Précisément, dans le cadre d’un objectif global de redressement des finances publiques, François Hollande s’engage à investir dans l’éducation pour préparer l’avenir. 60 000 postes supplémentaires seront ainsi créés (12 000 par an), pas seulement de professeurs, mais de surveillants, d’infirmières, d’assistantes sociales… Ils permettront notamment l’accompagnement personnalisé des élèves les plus en difficulté. Priorité sera donnée aux écoles maternelles – où les enfants de moins de trois ans pourront être accueillis – et aux écoles élémentaires, car c’est là que l’échec scolaire se forme. Priorité sera donnée aussi aux zones les plus en difficulté (éducation prioritaire) ainsi qu’à la réforme des premiers cycles universitaires (encadrement pédagogique renforcé et allocation d’études). Les moyens supplémentaires permettront enfin de rétablir une vraie formation initiale et continue des enseignants, incluant une année de stage. Une partie des enseignants seront pré-recrutés dès la licence.

Outre les moyens, des transformations du système éducatif s’imposent pour mieux faire réussir les élèves, dans le cadre renforcé d’une scolarité commune jusqu’en fin de 3e. Les rythmes scolaires doivent ainsi être revus dans l’intérêt des enfants : allongement de l’année scolaire pour alléger la journée en classe et inclure les devoirs dans le temps passé à l’école. Les méthodes pédagogiques sont à reprendre au collège et au lycée : programmes remodelés, travail en équipe, implication des élèves… L’enseignement technologique et professionnel doit être renforcé et valorisé, et ses bacheliers avoir un accès privilégié aux STS et aux IUT. Les élèves doivent être aussi accompagnés par un service public de l’orientation unifié du secondaire jusqu’au supérieur.

C’est au final « un nouveau pacte éducatif entre l’école et la nation » que propose François Hollande, pour remettre l’éducation et la jeunesse au cœur de notre république.
Il en annonce aussi la méthode et le calendrier : collectif budgétaire dès juillet pour pallier les carences les plus flagrantes de la rentrée 2012, puis négociations avec les partenaires éducatifs pour proposer dès l’automne au Parlement deux nouvelles lois, l’une d’orientation, l’autre de programmation. Reste à voter François Hollande dès le 22 avril !

jeudi 29 mars 2012

Semaine du développement durable dans le 12e


À l'occasion de la Semaine du Développement Durable du 31 mars au 7 avril la Mairie du 12e vous propose :


Samedi 31 mars à 10h
Réunion publique du Conseil de quartier Bel Air Sud
Jardins, composts et plantes sauvages, des éco-actions à votre portée
Ecole élémentaire - 83, avenue du Général Michel Bizot


Mercredi 4 avril à 15h
Inauguration du Jardin Partagé thérapeutique La Note Bleue
Square Rossif - 177, rue de Charenton


Du 31 mars au 7 avril
Exposition Consommons responsable
Découvrez le parcours d'un produit agricole du champ à l'assiette
Hall de la Mairie du 12e


Samedi 7 avril
Balade commentée à la découverte des espaces verts du 12e avec l'association Graine de Partage
Rendez-vous à 10h devant l'Opéra Bastille

Samedi 7 avril
Conférence : Techniques de gestion écologique au jardin
À 14h30 à la Maison du Jardinage - Parc de Bercy - 41, rue Paul Belmondo



Et retrouvez en ligne la vidéo pédagogique sur l'alimentation responsable créée par l'association Le Temps Presse.

samedi 24 mars 2012

Pour un audit citoyen de la dette publique !


Lundi 26 Mars à 20h00
Réunion publique à la Mairie du 12e
Collectif pour un audit citoyen de la dette publique Paris-12e
Mairie du 12e, 130 avenue Daumesnil, M° Montgallet  ou Dugommier

Réunion animée par Christian Celdran,
membre du comité de coordination nationale du Collectif citoyen pour un audit de la dette, et du conseil scientifique d'Attac France



Appel pour un audit citoyen de la dette publique :
http://www.audit-citoyen.org/
Collectif 12e : cac75012@audit-citoyen.org

"Écoles, hôpitaux, hébergement d'urgence… Retraites, chômage, culture, environnement... nous vivons tous au quotidien l'austérité budgétaire et le pire est à venir. « Nous vivons au-dessus de nos moyens », telle est la rengaine que l'on nous ressasse dans les grands médias.

Maintenant « il faut rembourser la dette », nous répète-t-on matin et soir. « On n’a pas le choix, il faut rassurer les marchés financiers, sauver la bonne réputation, le triple A de la France ».

Nous refusons ces discours culpabilisateurs. Nous ne voulons pas assister en spectateurs à la remise en cause de tout ce qui rendait encore vivables nos sociétés, en France et en Europe. 

Avons-nous trop dépensé pour l’école et la santé, ou bien les cadeaux fiscaux et sociaux depuis 20 ans ont-ils asséché les budgets ? 

Cette dette a-t-elle été toute entière contractée dans l'intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ? 

Qui détient ses titres et profite de l'austérité ? Pourquoi les États sont-il obligés de s'endetter auprès des marchés financiers et des banques, alors que celles-ci peuvent emprunter directement et pour moins cher à la Banque centrale européenne ?
Nous refusons que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Nous voulons y répondre nous-mêmes dans le cadre d'un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun.

En fin de compte, ne sommes-nous plus que des jouets entre les mains des actionnaires, des spéculateurs et des créanciers, ou bien encore des citoyens, capables de délibérer ensemble de notre avenir ? 

Nous décidons d'engager le débat et de nous mobiliser dans nos villes, nos quartiers, nos villages, nos lieux de travail, en lançant un vaste audit citoyen de la dette publique. 

Nous créons au plan national et local des collectifs pour un audit citoyen, avec nos syndicats et associations, avec des experts indépendants, avec nos collègues, nos voisins et concitoyens.

Nous allons prendre en main nos affaires, pour que revive la démocratie."

jeudi 19 janvier 2012

En 2012 réduisons la dette écologique

© Marie Touzet
Le tonnerre provoqué par la dégradation de la note française par Standard and Poor’s n’est qu’un nouvel épisode de l’offensive par laquelle, depuis la crise de 2008, les marchés financiers tentent d’imposer la réduction de l’endettement public par l’austérité comme une priorité politique en Europe, continuant ainsi d’opérer un gigantesque transfert de richesses vers les détenteurs du capital financier au détriment des salariés. Après avoir fait tomber les gouvernements grec, espagnol et italien, l’enjeu de la dette publique s’est d’ores et déjà immiscé au cœur du débat français pour les élections présidentielles.

Toutefois, après l’immense protestation sociale de 2010 contre la réforme des retraites, c’est l’indignation citoyenne qui pourrait bien prendre le relais en 2012, pourvu qu’elle trouve un débouché politique. Ce sont ainsi près d’un millier de personnes qui se sont réunies dimanche dernier à l’Espace Reuilly (Paris 12e) pour mettre en débat la légitimité de la dette publique et faire émerger des stratégies pour refonder une Europe plus démocratique, dans le cadre d’une journée de débats organisée par Attac en partenariat avec Médiapart et intitulée : « Leur dette, notre démocratie ». Dans un autre registre, le collectif des économistes atterrés vient de publier Changer d’économie ! Nos propositions pour 2012. Dénonçant notamment l’instrumentalisation de la dette publique pour justifier des politiques d’austérité désastreuses, ils y développent de solides propositions de politiques économiques alternatives.

Avec la crise financière, la dette publique s’est donc imposée dans les débats, reléguant à l’arrière-plan une autre dette, moins immédiatement tangible mais probablement plus explosive, la dette écologique. Le concept est discutable – il a d’ailleurs été écarté du protocole de Kyoto en 1997 – de même que la notion d’empreinte écologique dont le calcul fait débat (« si tous les Terriens avaient la même empreinte écologique que les Français, ils devraient disposer de trois fois notre Planète »). Mais l’un et l’autre s’appuient sur des réalités scientifiquement incontestables et nous renvoient à notre responsabilité collective, tant vis-à-vis des pays pauvres qui subissent de plein fouet les dégradations environnementales sans profiter encore des bénéfices du développement économique, que vis-à-vis des générations futures qui devront faire face à des crises écologiques majeures : dérèglement climatique, épuisement des énergies fossiles, perte accélérée de biodiversité, dégradation des écosystèmes, raréfaction et pollution de l’eau douce etc.

Ainsi, d’après le GIEC, et pour s’en tenir au seul enjeu du réchauffement climatique, l’objectif de réduire de 50% nos émissions globales de gaz à effet de serre d’ici 2050 suppose une réduction de 80% dans les pays développés. Cela laisserait au pays en développement la possibilité d’augmenter leurs émissions de 3%, soit une réduction de près de 50% des émissions par habitant compte tenu de leur dynamique démographique. « Il faudra donc des réductions d’émissions bien plus importantes de la part des pays riches que celles envisagées aujourd’hui pour alléger le fardeau des pays en développement (…) mais surtout des compensations financières conséquentes pour permettre à ces pays de se développer de manière soutenable » (Eloi LAURENT, Social-écologie, Flammarion, 2011). On mesure le long chemin qui reste à parcourir après les résultats décevants des conférences de Cancun (2010) et de Durban (2011) et à six mois de la prochaine conférence des Nations unies sur le développement durable (« Rio+20 »).

Il est d’abord de notre responsabilité d’agir localement en faveur du développement durable. Ainsi Paris poursuivra-t-elle en 2012 sa politique ambitieuse de réduction des gaz à effet de serre (Plan climat de 2007), de développement de la biodiversité (Plan biodiversité de 2011) et de promotion des pratiques écologiques. Dans le 12e, l’année sera marquée avant tout par l’arrivée du Tramway, mais aussi par la création de nouveaux jardins partagés, l’implantation d’un nouveau rucher ou encore la rénovation thermique de locaux scolaires. 2012 est aussi une année électorale, l’occasion de faire émerger une alternative à la politique régressive de l’actuel gouvernement – souvenons-nous notamment des promesses non tenues du Grenelle de l’Environnement! A cet égard, souhaitons que dans la campagne présidentielle, la crise financière n’occulte pas la crise écologique.

Crise financière et crise écologique trouvent à vrai dire leurs racines dans une même perversion du rapport que nos sociétés entretiennent avec le temps. De même que le capitalisme financier exige des rendements à court terme incompatibles avec un développement économique soutenable et durable, de même il encourage la tendance de nos sociétés à la consommation excessive des ressources naturelles, au détriment des générations futures. L’une et l’autre crise ont aussi pour point commun de creuser les inégalités sociales intra- et internationales, qui elles-mêmes alimentent ces crises Bref elles nous invitent à retrouver le sens et les outils de la démocratie, notre meilleur recours pour renouer avec le temps long et bâtir un nouveau modèle de développement fondé sur la justice sociale.